2) Comment les individus se mobilisent-ils ?

Nous avons vu que les individus peuvent s’intégrer à la société dans laquelle ils vivent grâce à la socialisation ; qu’ils acquièrent au cours de leur enfance (socialisation primaire) et qui continue encore à l’âge adulte (socialisation secondaire). Le partage des normes et valeurs communes entrainent une certaine cohésion sociale et rapprochent donc les individus qui peuvent ainsi se mobiliser par la suite.

Nous avons aussi appris que dans une société les individus s’associent pour constituer des groupes sociaux : ensemble d’individus entretenant des relations directes ou indirectes (interpersonnelles ou impersonnelles) et ayant conscience d’appartenir à un même groupe souvent basé autour d’un objectif commun. Les individus se mobilisent donc en réalisant des actions collectives (=activité organisée visant un but précis et accomplie par différents individus en commun). Les manifestations et les grèves sont donc d’après la définition des actions collectives ainsi qu’une forte mobilisation des individus autour d’un objectif commun même s’ils n’entretiennent pas forcément des relations fréquentes et intimes comme avec la famille ou les amis.

La formation de groupes est une nécessité pour toutes les sociétés car elle répond à des besoins humains de défendre des intérêts communs. Même si la taille et l’organisation du groupe primaire (la famille, les amis etc) est moins importante, les relations fréquentes et intimes peuvent favoriser la cohésion du groupe (effet surgénérateur avec le « nous » qui prime sur le « je »). Dans un groupe secondaire, la grande taille peut entraîner des comportements de passager clandestin (paradoxe d’Olson) ; ce paradoxe explique que certains individus vont laisser les autres se mobiliser sachant que cette mobilisation va de toute façon leur profiter sans qu’ils s’y investissent. Par exemple, un salarié qui ne fait pas grève.

Les individus se mobilisent pour exprimer leur voix et tenter de trouver des alliés. Mais comment expliquer la force de cette mobilisation ? Mark Granovetter, dans la force des liens faibles, tente de nous l’expliquer. Pour ce célèbre sociologue, les liens forts sont comme des sortes de "cliques" et les informations qui circulent au niveau des liens forts (famille) restent superficielles, alors que celles circulants entre liens faibles (professionnels) sont plus susceptibles d’amener des informations nouvelles et d’évoluer de "cliques" en "cliques".

Les réseaux sociaux ont surtout manifesté leur puissance dans des conflits "civils" et politiques : ils se sont montrés efficaces (mais pas systématiquement : il y a des échecs) pour combattre un gouvernement qui contrôle les médias classiques ou pour organiser une manifestation sans l’appui d’un parti, d’une bureaucratie, de médias de masses. Ce sont des outils de mobilisation de la population, de la diaspora, de l’opinion internationale. Ils sont désormais utilisés par les multitudes et pour diffuser la parole venue de la base ; ils illustrent le slogan "ne haïssez plus les médias, devenez les médias". Des milliers de personnes auront reconnu que ces réseaux sociaux ont été source d’expression, de liberté, de révolution.

En effet, les réseaux sociaux ne sont pas apparus avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication. De tout temps, les individus ont appartenu à des réseaux sociaux. Par exemple : une communauté villageoise, une tribu représentent des formes de sociabilité (=formes que peuvent prendre les relations d’un individu avec d’autres individus) entre les individus qui se rapproche d’un réseau social. Malgré tout avec les nouvelles technologies, les réseaux sociaux se complexifient en multipliant le nombre d’individus appartenant au réseau.

Pour se mobiliser, les classes sont amenées à créer des organisations pour les représenter au niveau économique (syndicats) mais aussi au niveau politique (partis). Les individus peuvent être très solidaires quand il s’agit de sujets qui leur tiennent à cœur comme par exemple des causes humanitaires, des attentats, des injustices.

Pour cela, certains se mobilisent dans les rues (comme pour l’attentat à Charlie Hebdo) et d’autres se mobilisent sur les supports pour les réseaux sociaux. Facebook par exemple, requiert de nombreuses pages de soutien et de mobilisation mais il y a aussi Twitter où les personnes peuvent envoyer des messages de soutien ; les stars sont aussi beaucoup présentes sur Twitter ce qui rend ce support assez célèbre.

Ces mobilisations sont aussi facilitées par ce qu’on pourrait appeler des sous-objets techniques : les pages, les likes, les hashtags… Ces outils permettent, par leur efficacité d’amener un public qui jusque-là était spectateur dans le débat, à se positionner et surtout à choisir son camp. Ceux-ci peuvent donc ainsi constituer des armes montrant une position, reflétant un désaccord contre un régime comme ça a été très souvent le cas lors du printemps de Hong-Kong, ou l'attentat de Boston pour apporter leur soutien aux familles des victimes. Nous le démontrerons par la suite dans la partie 2.

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